L’économie prend de plus en plus de place dans nos vies, nos préoccupations et nos avenirs. Pas une semaine sans qu’elle ne fasse la Une des médias et des discours publics. Un flot de « mots magiques » nous submerge, clés d’un monde mystérieux où seuls les initiés semblent se mouvoir avec facilité : stock option, taux de chômage, obligations, cours de l’euro, taux d’intérêt, croissance du PIB, Nasdaq, taux d’inflation, pacte de stabilité… Mais l’économie constitue aussi une discipline académique : Jean-Baptiste Say fonda la première chaire d’économie au Collège de France en 1830. Cette double nature de l’économie, idéologique et scientifique, est d’autant plus source de polémique que l’économiste joue désormais différents rôles dans nos sociétés modernes. Tour à tour théoricien/scientifique, économètre/prévisionniste ou ingénieur social, il remplit successivement les missions que notre société lui confie : aider à comprendre, prévoir et décider des mesures à prendre.
Curieusement, malgré de tels enjeux, l’économie n’occupe encore qu’une toute petite place au sein des pratiques éducatives, formelles (institution scolaire) comme informelles (socio-éducatives ou familiales). Pourtant, nous avons tous et toutes, dès les premiers âges de la vie, des pratiques économiques, de la cour de récréation à notre premier compte bancaire. Or, si l’économie ne donne pas « du sens » à nos vies, comprendre ses mécanismes doit nous permettre de donner du sens à nos pensées et à nos choix. Mettre l’économie en débat et en démocratie constitue encore un travail à faire. La démystifier est une étape préalable, en montrant qu’une grande partie des principes qui la fondent est compréhensible par tout un chacun. Mais il s’agit aussi d’éclairer les limites d’une discipline qu’il serait aussi dangereux d’ignorer – tant elle prend de place dans notre quotidien – que de vénérer comme une nouvelle religion guidant toutes nos décisions personnelles et collectives.
Ce constat explique que nous avons souhaité, d’abord, illustrer le dialogue que cette discipline née il y a à peine deux siècles entretient avec d’autres champs de la connaissance : anthropologie, droit, écologie, épistémologie, histoire, géographie, géophysique, mathématiques, physique, psychanalyse, sociologie, statistiques, systémique. Cette exposition n’énonce aucune vérité ; elle révèle modestement des mécanismes curieux, parfois surprenants, souvent banals, auxquels nous sommes confrontés sans nous en rendre compte. Et sur lesquels nous avons souhaité prendre le temps de réfléchir.
Le conseil scientifique était constitué de M. Bernard Lietaer (Économiste), M. Christian Chavagneux (Rédacteur en chef adjoint d’Alternatives économiques), M. Gilles Raveaud (Économiste).
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