Aurélien (alias Dexter) est Ambassadeur Sciences et Société aux Petits Débrouillards de Meurthe et Moselle. Depuis son arrivée en avril 2013, il développe des activités de Police Scientifique et Technique au Haut du Lièvre à Nancy, auprès d’enfants issus de quartiers défavorisés. Ces clubs et mini-stages s’inscrivent dans le cadre du programme UniverCités (JIX).
Morpho-analyse des traces de sang, médecine légale, toxicologie, empreintes digitales, ADN, techniques de portraits robots, expertise en incendie... La Police Scientifique et Technique, c’est tout un programme ! Et c’est la passion que transmet aux enfants Aurélien, 25 ans, en service civique pour six mois aux Petits Débrouillards à Maxéville. Titulaire d’une licence en droit, d’un diplôme universitaire en criminologie et d’un Master en Ethique de la santé et Médecine Légale, il prépare et anime différentes activités en partenariat avec l’association des Francas.
A l’affût du moindre indice
Anniversaires débrouillards, Clubs UniverCités (qui ont lieu une fois par semaine, une heure après l’école) ou mini-stages (plus ponctuels et sur trois jours), le scénario est souvent le même : les enfants arrivent et découvrent un corps, c’est à dire une silhouette dessinée au sol. Ils prennent des photos, réalisent un rapport d’autopsie, déterminent l’heure de décès... Et marquent à l’aide de plots le moindre indice qui, une fois analysé, permettra de trouver les causes de la mort et le coupable. Aurélien nous décrit quelques activités développées lors des clubs : « Le premier jour est basé sur l’observation de la scène de crime et la prises photos des différents indices. On fait ensuite l’expérience ADN sur une banane. Le second jour, on analyse l’ADN de salive et les échantillons relevés la veille. On relève, analyse et compare des empreintes digitales. Enfin, on réalise des expériences de chromatographie, suivies de morpho-analyses sur les traces de sang passives et actives (c’est à dire dépendant de la gravité et dépendant également d’une force en l’espèce des projections). ».
« On n’est pas en mode super-flics »
Aujourd’hui, les séries telles « Les Experts », « Dexter » et tant d’autres cartonnent sur nos écrans. « Les séries policières à la TV sont très bien faites, explique Aurélien. Seulement, les personnages ont tendance à avoir toutes les casquettes. Dans la réalité, c’est différent. Chaque professionnel a un rôle spécifique, des enquêteurs aux techniciens de la scène de crime. Sinon, le risque de partir sur une mauvaise piste est plus grand. La distinction des rôles permet de n’exclure aucun indice, aucune hypothèse, et induit donc une plus grande objectivité. C’est cette méthode que j’applique lors de mes clubs. On est dans démarche expérimentale, et pas en mode on est des supers flics, on va trouver le coupable ».
La scène de crime et le côté enquête de ces ateliers sont simplement le fil rouge qui permet de capter l’attention des jeunes. Derrière, l’intérêt est qu’ils observent un maximum de détails pendant l’atelier, incorporent des méthodes et adoptent une certaine rigueur scientifique. Et d’après Aurélien, les progrès sont plutôt visibles : « entre le début et la fin de la séance, même en l’espace d’une heure, j’observe une différence : les enfants prennent plus de précautions, sont plus observateurs. Par exemple, ils ont réussi à détecter un cheveu que j’avais placé volontairement sur une veste, alors qu’au début, personne ne l’avait remarqué. »
« Inciter les enfants à se poser des questions »
La connaissance théorique et les relations avec le milieu universitaire, Aurélien les possèdent déjà. Dans le cadre d’UniverCités, il compte d’ailleurs organiser des rencontres entre jeunes et universitaires spécialisés dans la Police Scientifique et Technique en visitant des laboratoires. Mais ce que ce service civique lui apporte avant tout, ce sont des techniques d’animation. « Ici, je me suis confronté à un milieu auquel je n’avais pas l’habitude : l’animation, l’éducation populaire, qui sont au centre de la démarche des Petits Débrouillards. Ça ma permis de sortir de mon cocon. Dans ces ateliers, je trouve intéressant d’apprendre des choses aux enfants de cette façon, en les incitant à réfléchir. On ne retrouve pas toujours cette démarche dans l’éducation nationale, où est privilégié l’apport de connaissances. Pourtant, les enfants sont curieux et demandent à faire les choses par eux mêmes. Notre démarche les incite ici à prendre la parole, à se poser des questions, et leurs idées sont prises en compte. C’est très intéressant ! ».
Contact : a.rubio@lespetitsdebrouillards.org
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