Est Républicain - Nancy 01/10/2011
Ados - Le psychiatre Philippe Brénot intervenait jeudi auprès de professionnels de la santé et de l’éducation des jeunes
« Il faut enseigner la sexualité »
Le psychiatre Philippe Brénot, spécialiste de sexologie, était l’un des intervenants de la journée sur la sexualité des ados organisée par le Dr Colombo, médecin de PMI. Photo Denis MOUSTY
« LA SEXUALITÉ EST UN DOMAINE INCONNU et complexe. Et pourtant c’est la vie. »
Ainsi parle Philippe Brénot. Psychiatre, anthropologue et écrivain, il dirige les enseignements de sexologie et sexualité humaine à l’Université de Paris et préside l’Observatoire international du couple. Il est d’ailleurs l’auteur du livre « Les hommes, le sexe et l’amour » qui a beaucoup fait parler à sa sortie en mai. Une pointure ! Il intervenait jeudi devant un public d’infirmièr(e)s scolaires, médecins de PMI, sages-femmes, psychologues, assistant(e)s sociaux… au centre culturel de Pulnoy lors de la journée annuelle des centres de planification et d’éducation familiale organisée par le conseil général. Les professionnels pas formés
« Peu de gens savent parler de sexualité », regrette le spécialiste. « L’Education nationale a rendu obligatoire l’éducation sexuelle aux collégiens de 4e et 3e, mais les profs ne sont pas formés ! Ni les psys, ni les sages-femmes, ni les médecins. Or les ados sont en demande. Ils ressentent des émotions, des sentiments, des attirances et cherchent des réponses. »
Le médecin explique par exemple qu’entre 10 et 14 ans, les ados découvrent l’homoérotisme : « Ils ressentent du désir pour des ados du même sexe. C’est normal ! Ils apprivoisent leurs réactions sexuelles. C’est l’apprentissage entre filles et garçons, il ne s’agit pas d’homosexualité. » Car, selon le psychiatre, « on naît homosexuel, on est programmé pour l’être. »
Il poursuit avec l’asymétrie entre les hommes et les femmes qui ne vivent pas la sexualité de la même façon. « Il y a un énorme décalage, à tous niveaux : sentimental, sexuel… Le couple n’est pas naturel. Nous avons deux sexualités qui ne sont pas faites pour vivre ensemble. Les hommes sont excités en 10 secondes, les femmes en 30 minutes. » Dans la salle, les 250 professionnels (dont 6 hommes seulement) explosent de rire. Films pornos comme référence
Catherine, infirmière scolaire au collège Claude-Le-Lorrain et les écoles du Haut-du-Lièvre, est scotchée aux paroles de l’intervenant. « Il est passionnant. Ce qu’il dit peut permettre de déculpabiliser les ados, de dédramatiser. D’éviter des blocages. Dans mon boulot, je suis sans cesse confrontée aux questions de sexualité. Les ados cherchent des réponses dans des films pornos et pensent que c’est la normalité. »
D’autres intervenants ont évoqué l’après-midi les questions de sexualité chez les handicapés, en SEGPA (classes d’adaptations) et IME (Institut médico éducatif). L’association « Les Petits Débrouillards » présentait une expo pédagogique animée et interactive itinérante. Catherine l’infirmière est sortie enchantée. « Ce que j’ai appris va m’aider à parler aux ados. Leur faire comprendre à quel point les filles et les garçons sont différents dans leur sexualité. C’est en reconnaissant ces grandes différences et en les acceptant que l’on arrivera à plus d’égalité et de respect entre les sexes. »
Corinne BARET-IDATTE
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